4. Explications : Prendre conscience et incarner mes valeurs
Avoir de l'estime pour soi, c'est la production d'un sentiment favorable venant de l'évaluation que l'on se fait de soi-même. Mais parfois (quand je rate ou quand on me critique par exemple), je fusionne avec des pensées, des croyances négatives sur ma valeur personnelle. Alors, mon estime de moi est atteinte et je vais automatiquement mettre en place des mécanismes de compensation pour la rénover (car l'esprit déclenche une grande souffrance dès que mon ego est blessé). J'oriente alors mon attention vers les informations extérieures susceptibles de me donner une information sur ce que je vaux, mes compétences et l'amour que me portent les autres.
Pour compenser une perception de moi défaillante, l'information sur ma valeur est recherchée dans l'environnement et sans cesse remise en jeu. Je m’évalue dans ce que je perçois dans le regard d'autrui. Mon humeur oscille donc suivant le climat de mes interactions sociales. Je suis dépendant(e) des autres pour me sentir bien.
Pour cela, sans en avoir toujours conscience, je vais déployer certaines stratégies relationnelles :
- Séduction pour être aimé(e).
- Faire des actions, travailler pour être reconnu(e) compétent(e) et félicité(e).
- Aider l’autre pour obtenir de la reconnaissance.
- Acheter pour me rassurer dans la possession ou changer le regard sur moi avec des accessoires de luxe.
Il est tellement vital d’attirer une attention positive sur moi !
Et quand mon estime pour moi est proche de zéro, ces stratégies prennent toute la place. C’est excessif : trop de séduction, trop d’exubérance, trop de dépendance affective, trop de dépenses… La relation à l’autre et le paraître sont le centre de ma vie. Je ne sais pas prendre soin de moi, me respecter et me ressourcer. Je m'écarte de mes besoins et de mes valeurs. Cela rajoute de la souffrance à mes problèmes. Je me sens encore plus perdu(e).
Rien de plus logique. Je le verrai en détail lors de la séance 14 : les études montrent que l’accès au bien-être et au bonheur passe par le fait de répondre à mes besoins et d’incarner mes valeurs. Il convient donc tout d’abord de comprendre ce qu’est une valeur et d’identifier les miennes. Sinon, dans quel sens me diriger ?
Quelques définitions sont nécessaires pour bien comprendre
Un besoin, c’est ce qu’il me faut pour me sentir bien (par exemple, les besoins physiologiques (boire, manger, respirer, dormir…) et les besoins psychiques (être en sécurité (être protégé(e) et rassuré(e)), le besoin d’appartenance, de respect, d’estime, d’accomplissement de soi…)
Pour les êtres humains, l’accomplissement de soi peut correspondre à l’incarnation (vivre en exprimant) ses valeurs profondes. Qu’est-ce qu’une valeur ?
Une valeur, c’est un guide dans la construction de sa vie comme l’aiguille sur une boussole. C’est une direction de vie. Une valeur nous donne une direction où aller dans un certain contexte, elle oriente notre comportement. C’est une notion abstraite, mais elle prend forme dans notre façon de vivre et nos actions. Il ne faut pas confondre ma « valeur personnelle » et « mes valeurs ».
Les valeurs ne sont pas des objectifs à atteindre. Elles ne sont pas des buts, même si elles peuvent être des principes directifs permettant d’atteindre ces buts. Contrairement aux buts concrets, les valeurs ne sont que rarement atteintes complètement. Ce sont des directions vers lesquelles nous pouvons tendre. Pour reprendre l’image de la boussole, si le but est d’arriver à l’endroit défini, je dois suivre la direction de la boussole, même si les aléas du terrain m’obligent à modifier mon parcours pour atteindre la destination.
Le fait de ne viser que des buts dans ma vie est bien moins bon pour la santé psychique que le fait de vouloir incarner certaines valeurs au jour le jour. Par exemple sur le plan affectif, la valeur serait de rechercher à être aimant (attentionné et à l’écoute de l’autre) et le but serait de se marier. Si j’arrive à être aimant chaque jour de ma vie, je suis en accord avec moi-même et j’en tire d’autres bénéfices (trouver un partenaire qui apprécie une relation de couple de bonne qualité et profiter de cette relation).
Par contre, si je ne recherche que le mariage (objectif). Je suis donc frustré tant que je ne suis pas marié. Et une fois marié, je passe à autre chose puisque mon but est atteint. Aussi, je peux me marier sans jamais avoir été aimant(e) (Bien sûr, dans ce cas, mon mariage ne sera peut-être pas satisfaisant…).
Je peux prendre conscience que l’influence que j’ai sur le cours des événements passe par des changements de mon état d’esprit (en décidant de donner plus de place à une valeur importante pour moi que j’ai négligé jusque maintenant).
Il existe des valeurs individuelles (pour une personne) et des valeurs sociales (partagées par un groupe de personne ou une société).
Au delà des « jugements de valeur » propre à chacun, il n’existe pas de valeurs préférables à d’autres, dans l’absolu.
Exemple de valeurs
Cela peut être le respect de l’autre (égalité, fraternité), la liberté, la paix (un monde sans guerres ni conflits), la beauté (beauté de la nature et des arts), l’accomplissement de soi (bien-être, harmonie intérieure), la reconnaissance sociale, le respect de soi (dignité), la sagesse (compréhension réfléchie de la vie), la force morale, la résistance physique, l’amitié « authentique », la famille (être soudé, compter les uns sur les autres), la sécurité (corporelle, financière), avoir l’esprit ouvert, être zen, être autonome (psychologiquement, financièrement), courageux, créatif, imaginatif, capable, rebel, obéissant, ordonné, poli, ambitieux, maître de soi (retenu, autodiscipliné), gentil (affectueux, empathique, tendre), honnête, de bonne humeur…
Vous le constatez, chaque valeur a sa contre valeur (le contraire, comme discipliné et rebel).
Mes valeurs personnelles que je dois identifier et tenter d’incarner sont donc celles qui ont de l’importance pour moi, désirées et librement choisies.
En reprenant l’explication du début : Quand mon estime de moi est abîmée, j’ai tendance à miser sur le paraître et la relation à l’autre. Je m'écarte donc de mes besoins et de mes valeurs. Tant et si bien qu'à un moment, je ne sais même plus quels sont mes besoins et mes valeurs. J'ai perdu le contact avec moimême, avec mon identité.
Le problème aussi, c’est qu’en utilisant trop ces mécanismes, la relation à l’autre est perturbée car l’autre peut ne pas se sentir respecté. En effet, je l' « utilise » pour être mieux, mais j'ai du mal à prendre en compte ses besoins et ses limites. Je peux être très susceptible. Je peux être jaloux(se), exclusif(ve), exigeant(e). Chaque frustration peut déclencher une tempête d’émotions. Mon entourage peut avoir tendance à mettre de la distance pour se protéger de ces tensions. Il étouffe, il ne se sent plus respecté, plus libre. Alors il y a des conflits et je peux me sentir rejeté(e) ou abandonné(e), et je suis encore plus mal. J'ai encore plus tendance à utiliser ces stratégies avec ceux qui restent autour de moi... C’est le cercle vicieux de l'abandonnisme (répétition des rejets suite à un personnalité marquée par un abandon dans le passé).
Pour éviter ce piège, je dois apprendre à reconnaître mes besoins et mes valeurs. En me reconnectant avec moi-même, en travaillant pour répondre à mes besoins et mes valeurs, en les affirmant, je me sentirai mieux. Parce que de cette façon, j'ai moins besoin des regards positifs sur moi. Parce que c'est mon regard qui est positif sur moi ! Je m’éloigne de la dépendance aux autres.
Cependant, ce n'est pas aussi simple. Affirmer certaines valeurs personnelles et certains besoins envers et contre tous n'est pas toujours ce qu'il y a de mieux à faire. Il est nécessaire de trouver un compromis, un équilibre entre les valeurs qui ont de l’importance pour moi et le respect des valeurs des personnes de mon entourage.
L’exercice de la « boussole de vie » ci-après, m’aidera à identifier mes valeurs profondes et à m’en rapprocher. Cela ne parait peut-être pas difficile au premier abord, mais se poser la question des valeurs importantes pour moi quand je suis perdu et en souffrance peut être déstabilisant et très angoissant. C'est normal, car il se peut que je réponde depuis longtemps aux attentes de mon entourage. Dans ce cas, cet exercice me semblera particulièrement difficile, puisque je suis très éloigné de mon « moi authentique ».
Difficile d’être confronté au fait que je ne sais plus vraiment ce qui a de l'importance et donc qui je suis au fond. Alors si le travail sur moi me met en difficulté, je réalise les trois premiers exercices et je passe l’exercice de la boussole. Je pourrai y revenir quand j’aurai fini le programme et que je serai un peu plus « stable »
5. Exercices à réaliser avant la séance 8 (à noter dans mon carnet de bord)
- Je peux relire ce PDF
- Je pratique deux fois la méditation en marchant (avec et sans l’enregistrement)
- Je continue le calendrier des moments difficiles (noter 1 moment difficiles dans le calendrier durant la semaine). Et, en me connectant à ce moment, je pratique l’exercice ReCAE (une fois avec l’enregistrement et une fois sans). Puis je décris mon expérience selon le modèle SPECC.